La malédiction du Carmagnole

- Tout s'est déroulé sans heurt, Illustrissime.

Si ce n'est la pitoyable prestation du bourreau ! Zorzi se fait vieux, Votre Seigneurie. Il faudrait penser à son remplacement.

 - Soit, Orazio, soit ! Mais le peuple ? Comment réagissent les vénitiens ?

 - Pas un geste, aucune grogne.

La réputation du condamné et la rapidité de notre action ont renforcé le sentiment d'infaillibilité de Votre Grandeur.

 - Parfait Orazio!  respire le Doge.

Satisfait de la tournure prise par les événements, Francesco Foscari s'abandonna dans les bras confortables de son haut fauteuil, le visage s'abîmant dans l'ombre.

Face à lui, assis derrière une lourde table, les trois représentants de l'Inquisition relèvent simultanément la capuche de leur toge. Celui du milieu à l'habit rouge sang  invita Orazio, le secrétaire,  à noter les dispositions prises pour les proches du Condottiere.

- Sur la confiscation de tous les biens mobiliers et immobiliers du Comte Bussone, qu'il soit alloué une pension de cinq cents ducats ainsi qu'une chambre au couvent delle Vergini à Antonietta, sa veuve.
Et pour chacune de ses filles, une dot de cinq mille ducats.
Les trois inquisiteurs rabaissent leur capuche et un des deux à la robe d'ébène prend la parole.

 - A présent, si Votre Seigneurie le permet...

  Orazio,  faites entrer le Frère Ambrogio.

 

 

 

 

 

 

 

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