Préface de Pierre DEHAYE                             Page 4
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Toute une partie de l'oeuvre de Scarpa est consacrée à l'art animalier et comme si l'artiste avait moins de scrupules devant les bêtes que devant l'homme, toute cette part de son oeuvre admet sa stylisation, avec seulement un dépouillement plus ou moins accentué suivant le sujet ; je citerai notamment cette série de chefs-d'oeuvre : Panthère (1935), Marabout (1934), Cheval nain (1944), Aigle (1945), Tortue (1944), Caneton (1949), Panthère s'étirant (1972), Basset (1975), Gorille (1977).

On retrouve en revanche, dans la vingtaine de médailles crées par Scarpa et consacrées le plus souvent à la personne humaine, l'alternance typique de son art : réalisme attentif aux détails, comme dans cette belle pièce qu'il consacre à Claude Lévy-Strauss ou dans la face de l'Automédaille ; et ailleurs, simplification des formes, comme dans les belles effigies du Tasse, de Cyrano de Bergerac ou de Leopardi. Paradoxalement le revers de Pétrarque se fait réaliste en évoquant la fontaine du Vaucluse, mais c'est pour mieux souligner l'irréalité de Laure de Noves qui apparaît au Poète. Quand au revers de l'Automédaille, il entend résumer toute l'oeuvre de l'artiste en juxtaposant deux visions de la même gracieuse forme de jeune femme, exprimée dans le contraste des deux langages que Riccardo Scarpa s'est donnés.

 

 

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